LE MONDE DE JULIEN - 5E PARTIE

La bagarre
Un bond dans le futur: Julien a 16 ans.
C’était en 1969. Son père avait collé Julien en pension à Paris vu qu’il y avait grave de l’eau dans le gaz dans leur relation. Quel choc pour notre jeune Tahitien quand il avait vu pour la première fois la façade lugubre de son nouveau bahut, dans une ruelle du Quartier Latin. Les murs étaient noirâtres, sans doute de la suie des pots d’échappements. C’était l’automne, la grisaille et le froid humide envahissaient tout. Un sacré changement avec le Fenua!
Du lundi au vendredi Julien était au collège à temps complet. Sainte Barbe, ça s’appelait. C’était une boîte privée dans le 5e à côté du Panthéon. Le week-end, il rentrait chez son oncle et sa tante en banlieue. Julien avait seize ans et entrait en seconde.
Un lundi matin, son oncle l’accompagnait en voiture jusqu’à une station de métro. Alors qu’il sortait de la voiture, Julien a vu un gars au volant de la voiture juste devant son oncle qui lui faisait signe de monter. "Pas la peine", lui a répondu Julien tandis qu’il disait au revoir à Tonton.
Le conducteur a alors ouvert sa portière et s’est dirigé vers Julien. "Tu fais du stop ou tu te branles?", à craché le mec, sorti de nulle part. Julien était pris de court. Il voyait cet adulte avancer à grands pas vers lui. A Tahiti, il faisait un peu de boxe avec les potes dans le jardin mais là, c’était une autre paire de manches! Sentant l’inévitable, il a ôté ses lunettes (à l’époque il portait des petites lunettes rondes à la John Lennon, et la même coupe de cheveux) et les a fourré dans la poche de son parka. Lorsque le gars à franchi la zone de sécurité, Julien lui a décoché une gauche fulgurante au menton. Le gars s’est retrouvé le cul sur la chaussée en une fraction de seconde. Sonné mais pas KO. Deux autres gars sont sortis de la voiture et là, Julien a senti monter l’adrénaline. Ils étaient déjà trop près pour s’enfuir. D’un geste il a retiré son parka, un peu empêtré dans son cartable sac à dos. Près à vendre cher sa peau.
Mais les gars ont juste aidé leur pote à se remettre debout. Ils sont rentrés dans leur voiture et ont démarré.
Julien à fait un dernier signe de la main à son oncle et s’est engouffré en petites foulées dans la bouche de Métro.
Il savait que la journée allait être vraiment bonne.
* Le Fenua: le pays, la Polynésie
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