PHILIPPE MEUNIER


Le monde de Julien - 8


LE MONDE DE JULIEN - 8E PARTIE




Dévalisé!

Avec un ami surfeur, Julien est parti dans le village de Saquarema réputé pour ses vagues.

« Arrivés là-bas, nos planches sous le bras, nous avons été abordés par un surfeur du coin qui nous invité à passer quelques jours chez lui. Nous avons déposé nos sacs à dos dans son salon et nous sommes parti surfer. De retour chez lui, la maison était sans dessus dessous. Tout avait été retourné et fouillé. "Nous avons été cambriolés!", s'est exclamé notre hôte. Nous avons compris que le "cambrioleur" n’était autre que le gars qui nous avait si gentiment invité chez lui. »

Julien a ainsi appris sa première leçon: les
gringos insouciants sont des proies faciles!

Du coup, il ne lui restait plus que son passeport et un peu de linge laissé à la maison à Rio. L’idéal pour repartir de zéro dans un pays neuf.

« J’ai rapidement revendu ma planche de surf car la mer à Rio est glaciale - ça fait mal à la peau tellement elle est gelée! Rien à voir avec les eaux tièdes de la Polynésie.

Je me suis lié d’amitié avec Lolo qui était descendu des États-Unis en stop et en bus. Il venait de Bolivie où il avait acheté des perles en terre cuite peintes à la main avec lesquelles il faisait des des colliers et des bracelets de façon artisanale.

Il m’a initié à tresser le cuir et confectionner les attaches en fil de laiton. Nous avons fabriqué une belle petite collection de bijoux et nous sommes partis les vendre sur une place populaire du centre ville.

Cela faisait un quart d’heure que nous avions installé notre "stand" (un tissus posé par terre sur lequel nous avions disposé les bijoux) qu’un agent de l’inspection de je ne sais quoi nous a demandé notre autorisation. Devant notre air penaud, il a saisi toute notre marchandise. »

Mais Julien avait foi dans la vie; il savait qu’il allait trouver une autre activité pour gagner des sous.

« Notre coloc qui fabriquait des voiliers m’a initié à la sérigraphie. Comme j’aimais dessiner, j’ai créé quelques t-shirts à partir de mes dessins. Je les proposais à la cafeteria de l’Alliance Française (une école qui donne des cours de français langue étrangère) où je trainais souvent parce qu’il y avait plein de jolies brésiliennes.

Pour un jeune Français en vadrouille comme moi, Rio est le paradis des aventures amoureuses. Enfin, à mon époque. »


Au bout d’un an, passé comme un éclair, et après avoir renouvelé son visa de touriste une fois, Julien devait quitter le pays.

Il avait rencontré une jeune fille avec laquelle il flirtait en tout bien tout honneur depuis deux mois.

« Je lui ai demandé si elle voulait partir avec moi à Tahiti.
Étant d’une famille très traditionnelle, elle m’a dit que ses parents n’accepteraient pas qu’elle parte à moins qu’elle ne soit mariée.

Le lendemain, je suis allé la voir à son travail. J’avais amené un formulaire tout en portugais. Je lui ai demandé:
"Peux-tu m’aider à le remplir?" Elle l’a pris et s’est rendu compte que c’était un formulaire de demande de mariage. »

Un mois plus tard, les jeunes mariés atterrissaient à Tahiti pour commencer leur nouvelle vie.

*
gringo: étranger, toute personne qui n'est pas brésilienne


Lire la suite (Instituteur à Bora Bora)






© Philippe Meunier 2024