LE MONDE DE JULIEN - 10E PARTIE
Le burn out

Au milieu de sa seconde année, Julien tomba sérieusement malade. Il sentait une pression dans la poitrine qui l’empêchait de respirer. Le médecin de Vaitape l'envoya consulter un spécialiste à Papeete où il subit toute une batterie de tests.
Quelques jours après son retour à Bora Bora, le toubib le convoqua pour lui communiquer le bilan des tests et son diagnostic.
Julien appréhendait une nouvelle du genre "Cancer de la plèvre". Il avait lu un article à ce sujet et tous les symptômes concordaient.
Le diagnostic tomba comme un coup de massue : "Vous êtes en parfaite santé !".
- Hein ? , fit Julien, stupéfait.
- Enfin, je veux dire que physiologiquement, tout va bien, précisa le médecin. Ce que vous avez, c’est une dépression.
C'est vrai qu'il lui arrivait en fin de journée, lorsque tous ses élèves avaient quitté la classe, de fondre en larmes sur son bureau. Mais une dépression, ça, c'était pas le genre de Julien.
Le médecin lui prescrivit des antidépresseurs et un mois d’arrêt de travail. Avec un rendez-vous le mois suivant pour voir l'évolution.
Julien ne remit plus jamais les pieds à l'école. La vie d'instit', pour lui, c'était terminé. Il faut savoir reconnaître ses limites.
Julien a des peurs. Pas des peurs rationnelles, des peurs intrinsèques. Enfouies tout au fond de lui. Tapies. Attendant l’occasion pour surgir. C’est la peur de ne pas être assez bien. Quelque soit ce qu’il fait, Julien a l’impression que ce n’est pas assez bien. Cette angoisse se manifeste toujours quand il est avec des gens. Il est bien, et tout à coup, elle est là. Il sent mon visage se décomposer. Il essaie de ne rien laisser paraître, de donner le change mais parfois, c’est ingérable. Il sent monter un sentiment d’urgence qui s’amplifie. Jusqu’à ce qu’il s’enfuie. Le lendemain, on lui dit:
- Dis-donc, Julien, tu t’es barré en douce hier soir!.
- Moi? Naaan!
L’autre jour, son psy lui a demandé comment ça allait avec ses craintes.
- Un peu comme ça, a dit Julien, en lui montrant ce dessin qu’il avait fait la veille.
- Bien, a dit le psy, Karaté Kid!
- C'est ça, a soupiré Julien, qu’a raté kid.
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